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Le blues de White Feet

Nasser Ben Dadoo: Blue Legacy

(La clique Production)

Nasser Ben Dadoo – guitare voix; Matthieu Tomi – basse; Pascal Versini  – clavier; Rob Hirons – Batterie Nadir Benmansour – chœurs ; Djamel Taouacht – percussions.

Guitariste, compositeur, bluesman, né dans les quartiers Nord de Marseille, Nasser Ben Dadoo aime à prendre le nom de White Feet pour la scène. Avec ce nouvel album « Blue Legacy » il poursuit sa route du blues, du delta, à Chicago, en passant par les bords de l’Huveaune et les rives sud de la Méditerranée. Il s’accompagne à la guitare électrique ou acoustique, il est rejoint par quelques compagnons de route: basse, batterie, clavier, percussions. Dès le début du disque, il reprend, s’approprie plutôt, le Keep Your Lamp Trimmed and Burning de Blind Willie Johnson, du pur blues roots avec la guitare slide qui va bien et une voix rocailleuse à souhait (qui n’est pas sans rappeler le regretté Arno). Il enchaîne avec un magnifique Yema (maman) qu’il chante en arabe, soutenu par un orgue façon B3 et la guitare solo lumineuse du malien Vieux Farka Touré, en invité (mazette!). Il mêle ensuite l’arabe et l’anglais dans un Gat Fish des plus fun, très certainement inspiré du fameux CatFish Blues de Robert Petway. Il reviendra vite à l’anglais et osera même un passage en français, Laurier Rose.
Huit compos, deux reprises et une chanson co-écrite avec Terry Lee Hale, le plus marseillais des guitaristes texans. Un beau voyage à bord d’un blues, électrique, éclectique et enflammé. Du blues from Marseille, muri en Bourgogne et du bon ! Il n’a pas été finaliste de L’international Blues Challenge De Memphis en 2023 par hasard.

10e Festival Les Emouvantes

Bruno Angelini

S’il fallait une raison pour aller à Marseille en septembre, et il y en a beaucoup, une des meilleures serait la dixième édition du festival Les Emouvantes.

Trois soirées, du 22 au 24 septembre, au conservatoire Pierre Barbizet, concoctées par Claude Tchamitchian et son équipe. Un programme de six concerts (deux par soirs donc) qui fera voir et entendre du jazz audacieux et des musiques improvisées inventives comme la rencontre du guitariste Marc Ducret avec le quatuor Bela Mais cette année, la programmation est aussi militante, le trio de Bruno Angelini évoquera entre autres la lutte pour les droits civiques de Rosa Parks, le quintet d’Hélène Labarrière s’inspire des écrits de cinq femmes dont Angela Davis et Louise Michel, le violoncelliste Vincent Courtois confronte sa musique à l’œuvre de Jack London alors que le septet de Stéphane Payen mettra de la musique et des voix sur les mots de James Baldwin. Quant au maitre de cérémonie, le contrebassiste Claude Tchamitchian, il nous fera voyager dans les mythologies arméniennes avec son nouveau trio.   

Laissons-nous leurs musiques nous émouvoir…

tout le programme : https://festival-emouvantes.fr/

Soleil Noir – Marseille

Marseille Noir« Marseille Noir »
présenté par Cédric Fabre
aux Editions Asphalte, 21€

Marseille bleue, Marseille Blanche, les deux couleurs de la ville, mais aussi Marseille orange du soleil qui se couche dans la mer ou bien Marseille rouge du sang qui coule dans un règlement de compte. Quelle ville pouvait mieux que Marseille rentrer dans cette collection des villes noires éditées par Asphalte. Mais il fallait à tout prix éviter les clichés, les caricatures pour raconter la cité, c’est à travers quatorze voix, quatorze auteurs, pas tous issu du polar ou du roman noir, réunis par Cédric Fabre que de quartiers en villages vous pourrez découvrir cette ville. Bien que noires de nombreuses nouvelles nous parlent en fait d’amour, de trahison, de déception, de l’irrésistible attrait qu’exerce la méditerranée, de ces populations multiples métissés mais pas toujours intégrées, le trajet en bus, le « 49 » que raconte François Beaune en est un bel exemple. Marseille est tellement grande qu’elle va juste qu’aux Comores avec les mots de Salim Hatubou. On peut aussi très bien parler de Marseille sans y être né, la danoise Pia Petersen le prouve très bien en évoquant son amour ambigu pour la ville. La pègre ou la dope ne pouvaient pas être oubliés bien, deux récits très émouvants de Christian Garcin et de Rebecca Lighieri. Le foot se devait aussi d’être présent mais il est très astucieusement esquivé par François Thomazeau. Il est parfois plus difficile de traverser en rond-point que d’aller flinguer un type pour Philippe Carrese tandis qu’un livre bien épais peut aussi devenir une arme de règlements de compte entre voisins chez Patrick Coulomb; qui donnent tout deux de la place à l’humour, noir bien sûr car Marseille est aussi joyeuse. Marseille bien que maritime peut être aussi très minérale, très aride dans le texte de Marie Neuser. René Fregni réussit grâce aux olives à mettre de la poésie dans une histoire de vengeance. Serge Scotto réserve quant à lui un chien de sa chienne à sa ville et à son plateau. Si Matisse et bien d’autres on peint l’Estaque, Emmanuel Loi ne le voit pas avec les mêmes couleurs. Minna Sif promène elle son personnage (on ne saurait dire héros) dans le triangle fameux et mal famé Porte d’Aix, Gare St Charles, Vieux port. C’est en musique comme il se doit que Cédric Fabre, le maitre d’œuvre clôt ce recueil. La musique du port, du mistral, 160bpm et clap de fin.