Archives pour la catégorie Concert Blues

Marjorie et Natalia chantent le blues

« Du blues, du blues, du blues », chantait en son temps Michel Jonasz, c’est ce que nous ont offert les deux chanteuses et guitaristes.

Tout d’abord, la niçoise Marjorie Martinez en mode power quartet, guitares-basse-batterie, sans clavier, ni cuivre. La chanteuse, magnifique guitare acoustique Gibson en bandoulière, déroule une partie du répertoire de son récent album « Marjorie’s Blues Machine ».

Alain Asplanato (batteur incontournable de la scène jazz azuréenne) et David Giacobetti (bassiste à la fois discret et très présent) assure une rythmique impeccable qui laisse tout loisir au guitariste Leo Giannola pour triturer de fort belle manière sa Telecaster.

Si le premier titre sonne un peu country, les suivants seront pur blues. On retiendra tout particulièrement « Give It Up » pour son groove et pour l’anecdote de sa création (il vous faudra aller à un prochain concert du groupe pour la connaitre!).

Notons que Marjorie Martinez ne se contente pas de composer et chanter, elle nous a offert, elle aussi, quelques belles parties de guitare.

Un set un peu court mais ils doivent laisser la place au groupe de Natalia M. King qui vient pendant ce court entracte peaufiner l’installation de leur matériel.

La chanteuse-guitariste américaine, est entourée de Damien Argentieri aux claviers, François Bernat aux basses, Vince Laurenty à la batterie et Ludovic Bruni aux guitares.

Pas de temps mort, Natalia entame son concert d’un bel accord sur sa Strat’, puis vient sa voix chaude et puissante. (Idéale pour chanter le blues!).  

Pendant près d’une heure et demi, elle va égrener les titres de son album de 2021, « Woman Mind Of My Own ». Dans un français quasi parfait (elle vit désormais à Arles) elle nous raconte ses chansons, de quoi elles sont faites, ce qu’elles nous disent. Assez vite Ludovic Bruni prend dans la poche un bottleneck qu’il fera glisser alternativement sur les cordes de ses trois guitares.

Natalia King explore toutes les sortes de blues, du blues traditionnel du sud au blues rock bien juteux de Chicago en passant par un Morrison blues, un blues psyché à la façon de Doors, « Play On » (le plus grand moment du set). Soul et funk complètent le tableau. Derrière elle, Damien Argentieri passe allégrement de l’orgue Hammond au piano ou au Rhodes.

Natalia tente à un moment, avec plus ou moins de réussite, de faire chanter le public pourtant enthousiaste. Le temps passe très vite à l’écoute de ce groupe, leur musique est intense.

L’heure des rappels est là, après la fausse sortie. Deux longs morceaux enlevés pour clore cette soirée qui a mis en avant deux musiciennes de grand talent.

Un petit regret cependant, nous aurions bien aimé voir, entendre, les deux filles faire quelques choses ensemble, un petit standard de John Lee Hooker ou de Robert Johnson, à deux voix et quatre guitares….

Le 30/04/22 au Théâtre Lino Ventura – Nice (06)

Lucky You, Lucky We

Lucky Peterson au Théâtre National de Nice

le 30/01/20

La soirée commence à la FNAC, au forum avec la présentation de la saison du Nice Music Live par Frédérica Randrianome suivi d’un showcase chaud brulant de Lucky Peterson, accompagné de son gratteux préféré, Shaw Kellerman. Ils seront rejoints par Tamara Tramell pour un final rythm and blues.

Le temps de se rendre jusqu’à l’esplanade du TNN, le lobby est déjà rempli d’un public impatient.

Le concert double plateau, débute par le set de Sarah Lenka.
(Son concert avait dû être reporté pour cause d’intempérie en décembre). Elle nous présente le répertoire de son dernier disque. Un hommage aux chanteuses qui ont su se faire une place, qui ont su raconter les violences faites aux femmes. Imaginez une femme noire du sud des États-Unis dans les années 50-60!  Bessie Smith, Bessie Jones et la merveilleuse Billie Holiday, entre autres, sous le patronage du musicologue Alan Lomax. Sarah est accompagnée par un super groupe, mené par les guitares (électrique ou acoustique) de Taofik Farah. Derrière, à la batterie, Yoann Serra, l’autre batteur niçois, assure la pulsation vigoureuse mais subtile qu’on lui connait. Nouveauté, il chante aussi, quelques morceaux, les chœurs, une deuxième voix derrière Sarah!

Puis, on retrouve Lucky Peterson toujours affublé de sa casquette rouge, il s’installe derrière son Hammond. Il se fait tout de même attendre, le temps pour son groupe de chauffer la salle, un blues nerveux mené de la Telecaster par Shaw Kellerman, dont le look évoque aux plus anciens, celui du texan Billy F. Gibbons. Du blues, du rythm and blues, de la soul, le cocktail Peterson fonctionne impeccable. Il prend sa guitare mais s’assoit sur une chaise préparée à cet effet ce qui ne l’empêche ni de triturer ses cordes ni de chanter. Et quand il casse l’un de ses cordes, il prend à peine le temps de l’arracher pour continuer son solo.  Le groupe assure un puissant background pour leur leader. Le bassiste reste placide, le batteur frappe sec, au fond ou devant les claviers sont omniprésent. Quant au second guitariste, un œil sur tous les autres, il mouline en permanence, tant en solo qu’en rythmique. A l’exception du moment où la belle Tamara Tramell (Miss Peterson à la ville) entrée sur scène un peu avant, entreprend un duo romantique avec Lucky, assis derrière son piano électrique. Moment magique! Quelle voix!

Après une fausse sortie d’un Lucky qui semble fatigué, le show repart de plus belle et se termine par le passage du bluesman, guitare en bandoulière, dans la salle. Il s’arrête à quelques centimètres de votre serviteur, et nous régale d’un Johnnie B. Goode d’anthologie.

Suivi de près par un roadie, Mr Peterson quitte alors la salle, archi pleine, du théâtre de Nice pour rejoindre la table de dédicace dans le hall d’entrée, qui devient, à ce moment précis,  le hall de sortie.

Un seul mot, enfin quatre: Cà c’est du blues!

 

Jazz à Juan : Blues Night

Jazz à Juan passe au blues en ce 15 juillet. Le soleil refait son apparition peu avant l’entrée en scène de Manu Lanvin et son Devil Blues sur l’estrade de la Petite Pinède. Jammin Summer Session. Comme à son habitude, Manu se donne à fond dès les premières mesures. En bandoulière, une très flashy guitare bleue (normal pour jouer du blues me direz-vous!) un riff, un deux accords c’est parti. Le blues-rock c’est son crédo. SpoonfullHighway To Hell la machine est lancée, la basse vrombit, Jimmi Montout cinglent ses cymbales. Le public tape des mains, des pieds sur les gradins. Il parle de ses voyages, évoque Jimi Hendrix, la figure tutélaire, avec un Red House tout en émotion puis rend hommage à John Lee Hooker. A peine le temps de tomber la veste (il fait chaud et il s’agite beaucoup) le rythme reprend le dessus, une petite chanson en français puis une autre et il est temps de rejoindre la grande pinède pour cette nouvelle soirée qui va rester bien blues.
Delgrès est un trio mené par le guitariste Pascal Danaë, le batteur Baptiste Brondy et Rafgee avec son soubassophone branché sur un immense ampli Mark Bass. Pendant près d’une trop courte heure, ils vont nous jouer leur métissage de blues créole. De la Guadeloupe à la Nouvelle Orléans. Il chante en français, en anglais mais surtout en créole, leurs propres compositions extraites de l’album Mo Jodi, une lettre au président ou une chanson rebelle où il est question de combattre pour survivre mais aussi une chanson d’amour déçu (ou pas), Sere mwen pli fo. En final, une grandiose reprise, en créole, de Whole Lotta Love. Le bottleneck chahute les cordes, le soubassophone est survolté, on a même le droit au chorus de Page au coucher du soleil. Un nom à retenir.
Le prochain à monter sur scène, on connaît déjà bien son nom et même celui de son groupe. Ben Harper & The Innocent Criminals. Plus de vingt ans que le quartet promène son blues dans le monde entier. Une setlist assez classique qui mélange des titres anciens et des plus récents. Tous les fans (et il y en a beaucoup dans la pinède) sont contents. Le répertoire est en fait assez varié, ils ne jouent pas que du blues. On entend quelques titres qui sonnent plutôt country-rock façon Neil Young ou même un titre carrément country qui semble réjouir le bassiste. Mais c’est, bel et bien, quand Ben Harper pose sa lap steel sur les genoux qu’il est le plus pertinent, que l’émotion sourd de chacune de ses notes. Le percussionniste Leon Mobley est en très grande forme, il s’en donne à cœur joie, en fond de scène ou sur le devant aux côtés de son leader. C’est avec le mega tube Welcome to the Cruel World qu’en rappel il nous renvoie dans le nôtre.

Le 15/07/19 à La Pinède Gould –Juan les Pins (06)

10e Buis Blues Festival

Buis Blues Festival
Thouron, Le Buis, 20 & 22 aout 2015

La réputation du Buis Blues Festival a largement dépassé les frontières du Limousin. Bonne occasion que ce dixième anniversaire pour le sudsite le découvrir, yeux et oreilles grands ouverts.

Un nouveau lieu était inauguré pour cette édition, le jardin du château de Thouron, belle bâtisse du XVIIIe.thouron Et c’est à Jack Bon que revenait l’honneur de gratter les premiers accords sur sa Strato à un seul micro. Jack Bon fut longtemps, il y a un bon moment, le guitariste et chanteur du groupe Ganafoul, les lyonnais qui en pleine période punk, s’obstinaient avec bonheur à jouer du blues, du rock, du boogie. Et c’est toujours la musique magique que joue le Jack Bon Slim Combo ( Laurent Falso à la batterie et Chris Michel à la Jazz Bass). jack bon slim comboUn feeling intact, des chorus aux petits oignons tant à la strat, qu’au slide, une voix granuleuse comme il faut, des compos impeccables pour le plus grand plaisir des spectateurs (plus de 700) assis, debout, ou dansant en rythme sur la pelouse.

Il était suivi par le trio de Rob Tognoni, tognonile plus célèbre des bluesmen de Tasmanie. Charmeur, hâbleur mais surtout guitariste virtuose, il a enflammé le parc. Chorus à la wha wha, une stratocaster aussi, eh, on joue du blues, n’est-ce pas!
boeufPour finir, Jack est remonté sur scène pour un bœuf qui nous a menés fort tard dans la nuit.


Le samedi, direction la petite place de Le Buis (87), les festivités commencent dès 19h avec Ronan OneManBand,ronan one man band Ronan, le breton, tout seul avec ses guitares, une caisse claire et une grosse caisse. Une voix grave qui n’est pas s’en évoquer Calvin Russel (il finira son trop court set par une reprise très émouvante de « Soldier » du même Calvin). Superbe technique à la slide, sur ses guitares-box et même à l’acoustique. Ses propres thèmes et des bons vieux blues tel le Catfish blues. Excellente découverte.

Ronan tout seul puis The Honeymen,honeymen2 un duo guitare-harmonica, du blues roots qui sait parfois montrer les crocs.

Deux, trois, le trio de Jérôme Pietri,pietri blues rock bien nerveux et énervé (contre les traders entre autres!).

J’attendais de les voir depuis un moment, les Shaggy Dogs et leur Fiesta Blues’n’Roll (appellation contrôlée). shaggy dogs [1280x768]Dans l’esprit du Dr Feelgood, une petite heure de rock et de fun. Impeccables tenues rouges et noires. Jaker assure des riffs nickel soutenu par Toma, toma shaggyle plus élégant des bassistes depuis Entwistle. Quant à la voix et l’harmonica, c’est bien sûr Red, alias Pascal Redondo qui distille ses textes bien loin d’être futiles.

Le final, en apothéose, fut pour le danois Thorbjorn Risager & The Black Tornado.risager NV [1280x768]

Trompette et sax pour les cuivres, un clavier, un bassiste au groove remarquable, il pulse, porte carrément ses acolytes pour qu’il donne leur meilleur. Pas de blues rock sans guitariste. Deux pour les Tornados, Peter Skjerning, le soliste, remarquable avec ou sans bottleneck et Thorbjorn, costume de blues brothers, guitare rouge, une voix avec du grain.
Les deux cuivres s’en donne à cœur joie et même à chœur joie, n’hésitant pas à assurer quelques pas de danse avec de jolis moulinets (digne de nos ex claudettes- pardon!)

Immense générosité de tout le groupe qui semblait ne pas vouloir quitter la scène. Quand le blues vient du Nord, il amène une irrésistible chaleur.

Bravo aux organisateurs et aux infatigables bénévoles (la pompe à bière n’a pas chômé, n’est ce pas Laurent ! )

We’ll be back

Blues Night au théâtre de verdure

OC Brothers-Dr Feegood,-Popa Chubby

Au New Blues Festival

Théâtre de verdure Nice, le 2 aout 2012

OC Brothers ouvrent le bal. Bien connu des amateurs azuréens de cette musique de l’âme, les frères Cosoleto chauffent le théâtre avec brio. Ils pourraient, par moment, être de Chicago ou de quelques villes du sud des US tant leur musique est imprégnée de celles de leurs maitres américains.

Steve Walwyn of Dr Feelgood
Steve Walwyn of Dr Feelgood

20h, c’est l’heure de Dr Feelgood. Et dès leur premier titre « Hoochie Choochie Man » on se sent bien (Feelgood ah, ah!). Trois vieux anglais à l’air sage et un chanteur roux et bondissant. Mais très vite la cravate du guitariste est remisée sur l’ampli pour mieux laisser s’exprimer la telecaster. Les tubes s’enchainent avec ferveur, « Roxette », « She Does It Right » (« Elle fait ça bien »!), « Milk and Alcohol », « Down at The Doctor ». La basse et la batterie pulsent exactement comme il faut pour maintenir la tension. Steve Walwyn enfile son bottleneck, change de guitare et se lance dans ce qui sera le zénith du set, un long blues instrumental où il fait preuve d’un feelling et d’une virtuosité bluffants.
Et même s’ils n’ont pas le charisme et la frénésie du groupe de Lee Brilleaux et Wilco Johnson, ils méritent quand même leur nom de Dr Feelgood!

Pus vient à22h Popa Chubby

Popa Chubby live in Nice

dans son gilet noir 6XL. Il rentre sur scène brandissant une bouteille de Merlot, qu’il abandonnera très vite au pied de la batterie pour épauler sa Stratocaster. Il entame par un « Hey Joe » survolté qui mettra dans l’ambiance dès la première mesure. Le blues de Chubby est un peu comme sa ville New York incomparable. Un cocktail blues, rock et hard digne du meilleur barman de la grosse pomme! Des reprise, des compos persos (dont un nouvel instrumental inédit). Il s’assoit sur un tabouret et sa guitare susurre les notes du film « the Godfather » avant d’exploser dans un chorus vertigineux. Peu après toujours assis, il transmute « Over The Rainbow ». Mais le top sera, à quelques minutes de la fin, sa somptueuse version de « Halleluyah », un tel concentré d’émotions donnerait l’envie à son créateur Leonard Cohen de se faire moine ou même à Jeff Buckley de plonger (avec ou sans rangers) dans les eaux du Mississippi.

Un nouveau festival musical consacré au blues à Nice avec une telle affiche pour le premier soir, que du bonheur!