Joachim Kühn: Melodic Ornette Coleman
(Act Music / Pias)
Le pianiste Allemand Joachim Kühn fêtait récemment ces 75 ans, une bonne occasion pour évoquer son dernier album au titre en forme d’oxymore musical, « Melodic Ornette Coleman« . Kühn consacre donc son XIIIe Piano Works à son ami, le saxophoniste Ornette Coleman avec qui il a joué et enregistré à la fin du siècle dernier. Si Coleman était un chantre du Free Jazz, Kühn va avec cet enregistrement, nous montrer à quel point Ornette était aussi un compositeur d’exception au talent mélodique rare. Si l’on excepte Lonely Woman, le tube de Coleman, interprété en deux versions , aucun des morceaux n’a été enregistré par Ornette Coleman, tout comme la dernière piste, »The End of the World« , signée de Kühn en hommage à son ami. Les thèmes sont issus d’une série de seize concerts en duo qu’ont donné Coleman et Kühn (entre 1995 et 1999), pour lesquels le saxophoniste créait – à chaque fois- , dix nouvelles compositions, elles n’étaient jamais rejouées ensuite. Kühn en a arrangé et joué douze pour cet album.
Le piano, que l’on dit Lisztien, de Kühn s’exprime ici dans toute sa splendeur. En instillant, par son touché, des pincées romantiques dans les thèmes de son mentor, il montre que la musique de Coleman était – est toujours- vraiment libre et qu’elle peut faire vibrer le cœur et l’âme par son intense sensibilité. Si Coleman cherchait à se libérer des contraintes harmoniques ou rythmiques, il pouvait aussi produire de géniales mélodies que le pianiste virtuose magnifie ici avec humilité. On aura une petite préférence pour Physical Chemistry avec son intro élégante, ce petit riff sautillant, puis le développement où la main droite improvise avec subtilité. Une autre façon d’aborder l’œuvre d’Ornette Coleman qui séduira même les plus réfractaires au Free Jazz. Mais surtout une rencontre (virtuelle) au sommet et probablement le plus bel album de Kühn en solo
polar, jazz & blues 